Nous y sommes, notre voyage sur la musique d’illustration touche à sa fin. Ce dernier article fera office de conclusion.
Encore un effort, nous touchons au but !
La musique d’illustration est destinée à la sonorisation d’œuvres audiovisuelles, et a une existence antérieure à ces œuvres. De par cette fonction, elle a un statut spécifique, et son existence est indexée sur la création de productions audiovisuelles.
Avec cette particularité, résulte un manque de reconnaissance artistique, et la musique d’illustration n’a pas toujours un statut d’œuvre d’art à part entière, et notamment lorsqu’on la compare à la musique du commerce et de la perception qui en est faite. Nous avons vu que ce manque de reconnaissance se traduisait par les termes employés pour la désigner. Ce problème de reconnaissance est en partie également du à l’existence de normes de création, et pour un genre musical dépendant de l’image. Nous pouvons nous rappeler pour cela des différentes influences dont nous avons traité auparavant.
La musique d’illustration, du fait de son statut d’élément additionnel bénéficie d’une légitimité différente qui la place dans une catégorie musicale à part.
Seulement, si la musique d’illustration est généralement comparée et sous-évaluée par rapport à la musique de commerce, son économie est totalement différente.
Effectivement, les œuvres de musique d’illustration ont une durée de vie considérablement plus longue que celle du commerce qui est pour sa part tributaire des effets de mode. Il y a cependant entre les deux des correspondances artistiques, puisqu’il n’est pas rare que les compositions de musiquent d’illustration s’inspirent largement de la musique du commerce, et ce pour répondre à la demande. Et comme nous l’avons évoqué, les utilisateurs prennent souvent en référence des titres connus de musique destinée au grand public pour faire leurs recherches.
Ces correspondances artistiques ont également une affiliation économique car, une utilisation de musique d’illustration est, pour un utilisateur, beaucoup moins couteuse, que s’il intégrait à ses productions de la musique du commerce.
Dès lors, si la musique du commerce est considérée comme un véritable produit et est vendue comme telle, on peut plutôt considérer la musique d’illustration comme un service, puisque les disques ne sont pas vendus, et qu’il n’y a que le paiement des droits qui entrainent une facturation aux utilisateurs.
Grâce à ce contexte, la musique n’est pas soumise aux difficultés qui sont actuellement rencontrées par le secteur de la musique destinée au commerce : la musique d’illustration n’est pas victime du piratage par le téléchargement illicite de musiques sur internet, contre laquelle des véritables mesures sont encore discutées.
Cependant, si la musique d’illustration n’est pas concernée par ces contraintes, elle rencontre d’autres difficultés, en rapport, notamment, aux procédures de déclaration d’utilisation des œuvres, très souvent mal maitrisées par les utilisateurs, dont le caractère incertain de l’aboutissement de leurs projets audiovisuels reste un problème.
Qu’il s’agisse de l’existence même de la musique d’illustration ou bien de son économie, le grand public ne les connait pas, recevant d’un seul tenant un œuvre audiovisuelle et n’en dissociant pas les différentes composantes, même s’ils gardent une sensibilité certaine pour la musique. Au dehors d’un manque de reconnaissance, cela ne pose pas véritablement problème aux éditeurs, qui travaillent dans la grande majorité des cas avec des professionnels : cela simplifie même les moyens employés pour la communication et la promotion de leurs activités.
Leur objectif premier reste de faire évoluer la place de la musique d’illustration dans la mentalité des professionnels.
Cependant, si les éditeurs-producteurs de musique d’illustration ne sont pas concernés quant à leur anonymat auprès du grand public, on peut légitimement se poser la question en ce qui regarde les compositeurs. Leurs œuvres, comme nous l’avons déjà évoqué, sont diffusées par le biais des médias : télévision, radio etc. Ce mode de diffusion provoque l’écoute d’un public très large, dont le nombre dépasse même, de fait, les auditeurs de la musique du commerce. S’ils bénéficient d’une reconnaissance de leurs œuvres, celle-ci se fait de manière indirecte, sans que leur nom ni leur visage ne soient connus du grand public.
De plus, la limite qu’il y a entre eux en ce qui concerne la musique d’illustration et la musique du commerce une frontière parfois peu visible : certains compositeurs voyagent d’un secteur à l’autre, que ce soit pour s’apporter une source de revenus supplémentaires ou pour affirmer leur créativité. Il s’agit le plus souvent de compositeurs de musique instrumentale, et la musique du commerce leur laisse généralement peu de place pour les compositions de ce genre.
Si, dans la musique du commerce, ces compositeurs doivent généralement s’associer à des artistes interprètes pour espérer vendre un nombre intéressant de disques, le fait de travailler dans le secteur de la musique d’illustration leur permet d’acquérir une indépendance artistique.
Ainsi, j’espère vous avoir davantage familiarisés avec un univers musical (trop) méconnu en général. Si la musique d’illustration ne provoque pas le même intérêt, et certainement à juste titre, que la musique dite du commerce, cela n’en reste pas moins une discipline riche sous tous ses aspects, et une économie importante du domaine musical !