Parlons musique. Mais musique d’illustration. – Partie 5

Nous y sommes, notre voyage sur la musique d’illustration touche à sa fin. Ce dernier article fera office de conclusion.
Encore un effort, nous touchons au but !

La musique d’illustration est destinée à la sonorisation d’œuvres audiovisuelles, et a une existence antérieure à ces œuvres. De par cette fonction, elle a un statut spécifique, et son existence est indexée sur la création de productions audiovisuelles.

Avec cette particularité, résulte un manque de reconnaissance artistique, et la musique d’illustration n’a pas toujours un statut d’œuvre d’art à part entière, et notamment lorsqu’on la compare à la musique du commerce et de la perception qui en est faite. Nous avons vu que ce manque de reconnaissance se traduisait par les termes employés pour la désigner. Ce problème de reconnaissance est en partie également du à l’existence de normes de création, et pour un genre musical dépendant de l’image. Nous pouvons nous rappeler pour cela des différentes influences dont nous avons traité auparavant.

La musique d’illustration, du fait de son statut d’élément additionnel bénéficie d’une légitimité différente qui la place dans une catégorie musicale à part.

Seulement, si la musique d’illustration est généralement comparée et sous-évaluée par rapport à la musique de commerce, son économie est totalement différente.

Effectivement, les œuvres de musique d’illustration ont une durée de vie considérablement plus longue que celle du commerce qui est pour sa part tributaire des effets de mode. Il y a cependant entre les deux des correspondances artistiques, puisqu’il n’est pas rare que les compositions de musiquent d’illustration s’inspirent largement de la musique du commerce, et ce pour répondre à la demande. Et comme nous l’avons évoqué, les utilisateurs prennent souvent en référence des titres connus de musique destinée au grand public pour faire leurs recherches.

Ces correspondances artistiques ont également une affiliation économique car, une utilisation de musique d’illustration est, pour un utilisateur, beaucoup moins couteuse, que s’il intégrait à ses productions de la musique du commerce.

Dès lors, si la musique du commerce est considérée comme un véritable produit et est vendue comme telle, on peut plutôt considérer la musique d’illustration comme un service, puisque les disques ne sont pas vendus, et qu’il n’y a que le paiement des droits qui entrainent une facturation aux utilisateurs.

Grâce à ce contexte, la musique n’est pas soumise aux difficultés qui sont actuellement rencontrées par le secteur de la musique destinée au commerce : la musique d’illustration n’est pas victime du piratage par le téléchargement illicite de musiques sur internet, contre laquelle des véritables mesures sont encore discutées.

 Cependant, si la musique d’illustration n’est pas concernée par ces contraintes, elle rencontre d’autres difficultés, en rapport, notamment, aux procédures de déclaration d’utilisation des œuvres, très souvent mal maitrisées par les utilisateurs, dont le caractère incertain de l’aboutissement de leurs projets audiovisuels reste un problème.

Qu’il s’agisse de l’existence même de la musique d’illustration ou bien de son économie, le grand public ne les connait pas, recevant d’un seul tenant un œuvre audiovisuelle et n’en dissociant pas les différentes composantes, même s’ils gardent une sensibilité certaine pour la musique. Au dehors d’un manque de reconnaissance, cela ne pose pas véritablement problème aux éditeurs, qui travaillent dans la grande majorité des cas avec des professionnels : cela simplifie même les moyens employés pour la communication et la promotion de leurs activités.

Leur objectif premier reste de faire évoluer la place de la musique d’illustration dans la mentalité des professionnels.

Cependant, si les éditeurs-producteurs de musique d’illustration ne sont pas concernés quant à leur anonymat auprès du grand public, on peut légitimement se poser la question en ce qui regarde les compositeurs. Leurs œuvres, comme nous l’avons déjà évoqué, sont diffusées par le biais des médias : télévision, radio etc. Ce mode de diffusion provoque l’écoute d’un public très large, dont le nombre dépasse même, de fait, les auditeurs de la musique du commerce. S’ils bénéficient d’une reconnaissance de leurs œuvres, celle-ci se fait de manière indirecte, sans que leur nom ni leur visage ne soient connus du grand public.

De plus, la limite qu’il y a entre eux en ce qui concerne la musique d’illustration et la musique du commerce une frontière parfois peu visible : certains compositeurs voyagent d’un secteur à l’autre, que ce soit pour s’apporter une source de revenus supplémentaires ou pour affirmer leur créativité. Il s’agit le plus souvent de compositeurs de musique instrumentale, et la musique du commerce leur laisse généralement peu de place pour les compositions de ce genre.

Si, dans la musique du commerce, ces compositeurs doivent généralement s’associer à des artistes interprètes pour espérer vendre un nombre intéressant de disques, le fait de travailler dans le secteur de la musique d’illustration leur permet d’acquérir une indépendance artistique.

Ainsi, j’espère vous avoir davantage familiarisés avec un univers musical (trop) méconnu en général. Si la musique d’illustration ne provoque pas le même intérêt, et certainement à juste titre, que la musique dite du commerce, cela n’en reste pas moins une discipline riche sous tous ses aspects, et une économie importante du domaine musical !

Parlons musique. Mais musique d’illustration. – Partie 4

Retour sur la musique d’illustration, si jusqu’ici nous avons parlé de son statut, des ses particularités, et de l’impact qu’a sur elle le numérique, un point n’a pas été abordé : sa légitimité artistique.

Si par malheur vous aviez raté les articles précédents, vous pouvez vous rattraper en cliquant ici.

Alors, peut-on donner une légitimité artistique à  la musique d’illustration ?

Le terme « musique d’illustration » que nous utilisons depuis le début, est le terme qu’emploient les éditeurs-producteurs eux-mêmes. Par cela, ils souhaitent diffuser le caractère selon eux spécifique de cette discipline musicale, destinée non pas, ou indirectement seulement, au grand public, mais bien aux professionnels du secteur audiovisuel qui voient en elle non pas un produit fini, mais un moyen en vue d’une fin : c’est-à-dire que la musique d’illustration n’est pour eux qu’un plugin visant à compléter leur propres travaux.

Dans la pratique, et cela est très visible lors de discussions avec les professionnels, les termes employés ont une consonance négative : on entend ainsi parler de musique de stock, musique à la bande, musique au mètre…

Dans un premier temps, au vu des termes employés, et même si jusqu’à présent au cours de notre réflexion nous avons vu les similitudes avec le marché du disque, il apparait difficile de légitimer artistiquement la musique d’illustration. Cependant, grâce à ces termes, nous allons pouvoir mettre en avant d’autres caractéristiques de cette discipline, et avancer dans notre questionnement artistique.

Musique de stock ou au ruban sont comme nous le disions, des termes courant pour désigner la musique d’illustration, dont les éditeurs-producteurs essaient de se défaire.

Cette appellation fait référence notion de marchandisation de la musique, du fait qu’elle n’existe que pour la vente. On s’éloigne là encore d’une éventuelle légitimité artistique.

C’est une métaphore également, pour illustrer le fait que lors de la sélection, on puisse à tout moment couper la musique, pour la faire correspondre à la vidéo ou bien tout simplement pour des raisons de coût.

Cette pratique détruit complètement l’intégrité de l’œuvre, qui se voit dans l’obligation de s’adapter à l’extrême à la demande : il n’est pas rare de voir des demandes pour trois ou quatre secondes de musique. A tel point que les compositeurs travaillent désormais sur des morceaux durant quelques secondes seulement.

Il y a donc un réel lien de subordination de la part de la musique d’illustration envers les productions audiovisuelles. Elle est faite pour intégrer à cette œuvre, et elle n’aura aucune utilité sans celle-ci.

L’utilisateur, lui, sera facturé en fonction du nombre de secondes écoulées, avec cependant un forfait minimum de trente secondes décomptées à chaque utilisation.

Cet élément est très important pour comprendre le positionnement en tant qu’œuvre musicale pour la musique d’illustration : le fait qu’une œuvre puisse être fractionnée est très rare, si l’on pense à d’autres disciplines comme le cinéma, le théâtre, la danse…

S’il arrive que dans les disciplines que nous venons de citer ces œuvres soient fractionnées pour diverses raisons, dans la plupart des cas, elles sont diffusées entièrement.

Ce n’est pas le cas de la musique d’illustration pour qui le fractionnement des œuvres se fait de manière quasi constante, et montre, encore une fois, le statut de dépendance qu’elle a par rapport aux réalisations audiovisuelles qu’elle sonorise, et le fait que seule, elle n’a aucune raison d’exister.

La notion de musique de stock, quant à elle, fait appel à ce que l’on appelle le catalogue musical. Dans le marché du disque, un catalogue se définit par un ensemble d’individualités, tant du point de vue des artistes que du point de vue des genres. Il ne se constitue pas d’un tenant, mais bel et bien au fil du temps.

De plus, ce catalogue donne une idée générale de ce que fait la maison de disque en question.

Dans le cas de la musique d’illustration, le catalogue a une autre fonction. Il agit comme un argument de vente supplémentaire. On mesure souvent la taille d’une structure de musique d’illustration non pas au nombre de ses employés mais à la taille de son catalogue.

Pour simplifier, si parmi la musique dite commerciale on distingue plusieurs type d’artistes, qu’on les traite séparément, la musique d’illustration agit de manière globale, toutes les œuvres possèdent le même statut, et sont rattachées les unes aux autres.

Une autre différence majeure est le fait que dans la musique d’illustration, le plus souvent, le compositeur n’est pas mis en avant, c’est plutôt le genre de l’œuvre, le Soundalike dont nous avons parlé précédemment, ou même la durée.

Nous sommes donc face à une œuvre totalement dépersonnalisée, par laquelle l’artiste n’existe plus.

De fait, la promotion de ces œuvres est donc à la fois globale et impersonnelle. Cela nous éloigne encore à priori de d’une légitimité artistique pourtant revendiquée.

Une des raisons du manque de reconnaissance artistique des professionnels envers la musique d’illustration, vient également du contexte dans lequel les titres sont écoutés par certains d’entre eux. Il en va de même pour les personnes tentant d’avoir une écoute extérieure de ce genre musical.

En effet, durant notre réflexion, nous avons eu l’occasion de faire de nombreuses comparaisons entre la musique d’illustration et le marché du disque, et donc, la musique de commerce. Cependant, en ce qui concerne l’écoute de cette musique, faire une comparaison entre les deux disciplines serait une erreur.

La raison même d’exister de la musique d’illustration, la manière dont elle est pensée et créée par les compositeurs, tout cela est fait pour accompagner des images. Elle n’est donc pas destinée à une écoute seule, sans ornements, comme l’est la musique du commerce, et ce même si, comme dit précédemment, certains professionnels l’écoutent pour leur compte personnel.

Cette écoute seule, sans accompagnement visuel peut en effet se révéler plus que déroutante face aux attentes musicales et aux attentes de tout un chacun : encore une fois, là n’est pas sa fonction première, elle doit répondre un certain nombre de normes, et elle est de fait quelque peu formatée.

La musique d’illustration est presque toujours instrumentale, bien que les dernières tendances, surtout visibles dans les collections étrangères sont à l’ajout de paroles que l’on peut dissocier par la suite, et apparait sous deux principales formes.

La première d’entre elles est une fonction de fond sonore, d’arrière plan. Elle a pour destination l’accompagnement de voix-off ou de dialogues comme cela est souvent le cas dans les documentaires ou les films sous toutes leurs formes. On constate ici une fonction de soutien à la structure des productions, de comblement également.

La seconde forme pour sa part est particulière dans sa conception : il s’agit de titres ou la mélodie est largement mise en avant, afin d’interpeler l’orateur et de s’inscrire dans sa mémoire. On la retrouve surtout dans les publicités, où l’on peut noter que chaque personne est capable d’associer une musique à une marque ou un produit, et également dans les génériques d’émissions.

L’évocation de ces exemples est ainsi faite pour montrer dans quelle cadre se fait la création de ces œuvres, que l’on peut à juste titre considérer comme formatées car elles sont justement composées en tant qu’éléments additionnels qui ne permettent donc définitivement pas une totale liberté de création. Cependant, le fait que, en dehors de la création originale, la musique d’illustration soit crée avant le document qu’elle sonorisera fait qu’elle conserve tout de même une part de liberté : tant dans le choix des instruments, de la mélodie, du tempo et de l’univers en général. Il faut absolument prendre ses éléments en compte si l’on souhaite répondre à la problématique d’une légitimité artistique, et se défaire des habitudes d’écoute que l’on a pour la musique dite de commerce.
Il n’y a donc malheureusement pas de réponse ferme et définitive à donner, cela dépend de la vision et du traitement qui est fait de celle-ci, et majoritairement par ceux qui l’utilisent.


Parlons musique. Mais musique d’illustration. – Partie 3

Si, parce que vous avez préféré profiter des rares rayons de soleil que le printemps a bien voulu nous accorder, vous avez raté l’article précédent et que désormais vous vous en voulez terriblement, un petit clic ici suffira, et on en parlera plus.

On l’a vu, le numérique est, parfois contre toute attente, un avantage non négligeable pour les librairies musicales qui sont ravies de voir leurs titres se diffuser de manière beaucoup plus large, et avoir avec cela plus de chances de voir leurs titres utilisés.

Voir ses titres diffusés c’est bien, mais comment, dans ce marasme, savoir ceux qui auront étés employés, et surtout, récupérer les droits qui en découlent ?

Dans environ un cas sur trois, les sociétés font appel aux éditeurs lorsqu’ils recherchent de la musique pour leurs projets, et notamment en ce qui concerne les sélections musicales. Par ce procédé, les éditeurs peuvent guider de manière simple les sociétés dans les démarches de déclaration des droits.

Cependant, le plus souvent et comme nous l’avons vu auparavant, les sociétés disposent déjà des CDs que les éditeurs leur ont transmis. Ils devraient, selon toute vraisemblance,  demander l’autorisation de l’éditeur avant une quelconque utilisation de musique. Ainsi, le producteur pourrait facturer les droits d’utilisation phonographique et répartir les droits d’auteurs.

Malheureusement, il arrive très fréquemment que les utilisateurs ne déclarent pas les utilisations musicales qu’ils ont faites. C’est donc l’éditeur qui doit mettre en place un travail de contrôle et contacter lui-même les sociétés concernées par ces utilisations frauduleuses.

Cela est relativement aisé dans le cas de diffusions grand public, comme c’est le cas pour les films et les publicités, par exemple. Dans ces cas, l’éditeur n’aura qu’à mobiliser du temps et son attention. De plus il n’est pas rare que les éditeurs ne sensibilisent également les auteurs, qui feront également la démarche de les prévenir.

Ce travail a cependant été rendu très ardu ces dernières années, avec la multiplication des chaines du câble et du satellite, ainsi que de la télévision numérique terrestre. Il devient ainsi impossible de vérifier la totalité des œuvres audiovisuelles.

Les médias ne sont pas le seul exemple de diffusion de ces œuvres audiovisuelles. On pourrait également penser aux festivals qui les diffusent également auprès du grand public. Cependant, tout porte à penser que du fait de l’ampleur de ces manifestations, l’utilisation illégale d’œuvres musicales ne puisse être encouragée.

Il faut cependant penser à toutes les réalisations qui ne transitent pas auprès du grand public, mais qui sont diffusées en interne, notamment au sein des entreprises ou en b to b avec les films institutionnels. Quelle autre solution pour les producteurs que de compter sur l’honnêteté des utilisateurs de leurs œuvres ?

Cependant, dans le cas des films institutionnels, les sociétés de production se doivent de remplir un formulaire SDRM type pour y effectuer les déclarations d’utilisation des titres. De manière systématique, une copie de ce formulaire est envoyée aux producteurs concernés. Celui-ci prend alors connaissance de l’utilisation de ses œuvres et les facture par la suite à la société de production concernée.

Une remarque peut être faite : la règle selon laquelle les utilisateurs doivent obligatoirement demander aux producteurs le droit d’utiliser leurs œuvres n’est pas respectée. Il est vrai que dans la plupart des cas, les producteurs ne s’opposent pas à l’exploitation de leurs œuvres, mais dans les cas de films reliés à un parti politique ou à la religion, des problèmes d’éthique peuvent se poser.

Des nouveaux systèmes de détection d’utilisation de titres sont cependant en train d’être mis en place. On peut parler par exemple de Tunesat, qui agit sur le secteur de la Web Tv, via un système de reconnaissance des œuvres. Un récapitulatif des écoutes est ensuite envoyé aux producteurs de musique d’illustration qui peuvent ensuite vérifier les déclarations de chacun. Ce système couvre actuellement environ 200 Web Tv américains et européennes. Il s’agit cependant d’une initiative privée et les producteurs français travaillent actuellement avec la SACEM pour la création d’un programme similaire, à étendre également aux web radios.

Il est vrai que dans ce secteur il y a un réel manque à gagner pour les producteurs. Il s’agit là d’une méconnaissance des procédures, ainsi qu’une confusion faite constamment avec le « libre de droits » qui n’a pas d’existence réelle.

Si les éditeurs/producteur doivent compter sur la bonne foi des utilisateurs, combien d’exploitation d’œuvres passent à la trappe des déclarations ? Si des solutions comme Tunesat se profilent (ce qui ne concerne pour l’instant que un certain nombre de WEB TV), le fossé qui les sépare d’une visibilité totale est encore trop grand.
Si le numérique semble donc de prime abord être une bonne chose pour la musique d’illustration, c’est aussi l’assurance d’avoir moins de contrôle sur l’exploitation de ses œuvres.

Parlons musique. Mais musique d’illustration. – Partie 2.

Nous en parlions ici-même il y a quelques jours de cela : entre musique du commerce et musique d’illustration, il y a certes de grandes différences, mais il y a aussi de nombreuses particularités.

Si le besoin de se rafraichir la mémoire devait se faire sentir, un petit clic ici, et tout devrait se passer pour le mieux.

Si le numérique, on le sait, a changé les habitudes des consommateurs de musique du commerce, qu’en est-il pour la musique d’illustration ?

Comment ça marche ? Imaginez que vous soyez le producteur d’un film, et que vous avez besoin de musique pour sonoriser une scène de celui-ci. Vous êtes un fan absolu de Woodkid et vous pensez qu’une de ses oeuvres correspondrait parfaitement à votre film. Mais utiliser de la musique du commerce pour sonoriser quoi que ce soit coûte très cher. Vous vous tournez donc vers un producteur de musique d’illustration (qui vous aura probablement démarché au préalable), et vous lui demandez de vous trouver un morceau correspondant le mieux possible à celui de Woodkid.
Aucun problème, on fait la recherche pour vous, on vous la propose, et si elle vous plait vous la téléchargez directement sur le site du producteur/éditeur.
Vous êtes guidés, ou non, car généralement le catalogue complet des librairies musicales d’illustration est disponible sur leur site.

Le passage au numérique semble fait, mais le CD a toujours son rôle à jouer.

En effet, si certains utilisateurs apprécient le fait d’être guidés dans leur recherche et ont désormais pris cette habitude, d’autres préfèrent effectuer ce travail eux-mêmes, via les CDs dont ils disposent.

Cela peut leur paraître plus rapide dans la mesure où ils maitrisent leur phonothèque, via une classification organisée. D’autres estiment que les recherches proposées par les éditeurs sont trop loin de l’idée de départ qu’ils avaient soumise.

Pour toutes ces raisons, le CD garde toute son importance, et reste un moyen clé afin d’attirer l’attention des utilisateurs de musique d’illustration. La problématique change dans ce cas, car il s’agit désormais d’acquérir de la visibilité et d’attirer l’attention dans les différentes phonothèques. Plutôt que de noyer les utilisateurs dans un nombre massif d’envois, certains ont choisi de donner à leurs productions une certaine originalité ainsi qu’un certain soin..

Et pour le piratage on fait comment ?

Contrairement au marché du disque, le fait que les supports de musique d’illustration soient distribués de manière totalement gratuite permet d’échapper au piratage que l’on ne connait que trop bien.

En effet, le Cds n’a de facto pas de valeur financière, et il n’y a donc aucune valeur financière à le copier et le diffuser en dehors du circuit dit officiel.

C’est même tout le contraire, car tout utilisateur potentiel qui en fait la demande peut obtenir un ou plusieurs exemplaires du CDs. Cela est relié au fait que les éditeurs veulent être connus aux maximum et être diffusés au plus grand nombre de personnes du secteur.

Il n’est pas rare de voir un CD voyager d’une maison de production à une autre. Ce phénomène de circulation de disques, qui est souvent accompagné de celui du bouche à oreille favorise fortement la visibilité des éditeurs et accroit leur renommée auprès des utilisateurs, et donc logiquement, leur clientèle.

Les utilisateurs de musique d’illustration émettent quelques craintes quant à cette circulation de CDs. En effet, ils ont souvent étés sensibilisés aux problèmes que traverse actuellement l’industrie du disque, et voudraient que la sécurité des envois soit renforcée pour éviter un éventuel piratage. Il convient donc pour les éditeurs de les rassurer, en expliquant que seul l’utilisation de la musique est soumise à un coût, et que, comme cela a été dit, le CD n’a pour sa part aucune valeur financière.

Il en va de même pour le téléchargement de titres, disponible sur le site internet des éditeurs via un compte utilisateur : lorsqu’un titre est téléchargé cela n’apporte aucun changement par rapport au fait que les utilisateurs possèdent les titres dans leur phonothèque. Il s’agit encore une fois d’augmenter le choix et de faciliter les recherches musicales.

Ainsi, contrairement au marché du disque, le téléchargement de la musique d’illustration n’est, en aucun cas, un frein pour l’économie du secteur, ni ne peut être considéré comme du piratage.

Il est donc légal, libre d’accès, et même développé à travers les moteurs de recherches mis en place sur les sites internet des éditeurs, le tout pour faciliter les recherches des utilisateurs qui souhaitent travailler de façon autonome.
Travail d’illustration et de graphisme, de la conception du packaging (définition du style et de la forme de l’emballage, en l’occurrence pochette ou jaquette, ainsi que livret ou guide officiel), de la photographie éventuelle, de la mise en page…

C’est une particularité importante que l’on relève ici : les librairies musicales de musique d’illustration n’ont pas peur du piratage. La multiplication des supports est une bénédiction pour leur part, car elle leur a permis de diffuser de manière beaucoup plus large leurs œuvres.

Et la musique d’illustration mérite que l’on s’y intéresse pour d’autres de ses aspects, ce que l’on fera très vite dans deux prochains articles !

Parlons musique. Mais musique d’illustration.

Qui peut encore revendiquer le fait qu’il n’écoute pas de musique ?

Cherchez bien parmi vos amis, parents, connaissances, voisins étranges, et vous trouverez certainement une personne qui vous dira (avec un ton revendicateur, peut-être, il faut bien militer) que la musique, ça ne l’intéresse pas.

Parce que c’est trop commercial, parce que c’est mauvais, parce que c’est trop cher, peu importe. L’idée est là, et bien ancrée dans l’esprit de certains. Ils n’écoutent pas de musique.

Admettons. Ils n’achètent pas de produits musicaux, ne vont voir aucun concert, n’écoutent même pas de musique gratuitement en ligne. Mais il y a un aspect qu’il oublient. Un aspect dont aucun d’entre nous ne peut se défaire. Parce que la musique, que nous le voulions ou non, fait partie de nos vies. Au sens propre du terme.

Elle est présente partout : à la télévision, à la radio, dans les publicités, au cinéma, lorsque l’on attend sagement son train sur le quai de la gare, lorsque l’on passe un appel téléphonique et que l’on est (brutalement ou non) mis en attente…

Cette musique en question, on n’a pas forcément choisi de l’écouter, ni même de l’entendre. Mais elle est là, elle existe. Et avec elle, c’est tout un aspect du secteur musical, peu connu, qui existe.

Chers lecteurs, ensemble, explorons ce qu’est la musique d’illustration.

Sous ce terme technique, existe un paramètre majeur qui va nous permettre de la différencier rapidement la musique dite de commerce : la musique d’illustration n’est pas un produit en soi, elle vient compléter un autre produit. (BO de film, musique de publicité, enfin, vous aurez compris.)

Vous savez maintenant ce qu’est la musique d’illustration. Mais nous n’avons pas encore parcouru un dixième du chemin. Pour comprendre de quel type de création il s’agit vraiment, de quel type de marché régule sa commercialisation, et quel cadre juridique l’entoure, nous allons devoir creuser plus en profondeur. Nous nous interrogerons aussi sur un des points qui fâche les compositeurs de ce type de musique : quel légitimité artistique peut-on lui donner ?

Pour que cela soit plus agréable et plus simple, nous ferons de manière régulière des parallèles avec le marché du disque.

Parce qu’entre musique du commerce et musique d’illustration, il y a certes de grandes différences, mais il y a aussi de nombreuses particularités. Et bien sûr, nous ne laisserons pas de côté l’aspect numérique de son exploitation, qui est en train de changer profondément ses pratiques.

Affaire à suivre, donc. Dans de très prochains articles.